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Gabriel Folli, l’écriture du monde contemporain

Né en 1990 à Chauny dans l’Aisne, titulaire d’un Master Arts Théories et Pratiques artistiques, représenté par la Galerie La Ferronnerie à Paris, Gabriel Folli entreprend un solide parcours artistique en centres d’art et en galeries à Paris, Lille et Bruxelles, au salon Drawing Now Art Fair et dans plusieurs résidences. Ses travaux sont présents dans des collections privées et dans la collection du Frac Picardie.

Marc Lasseaux – Après ta formation, tu commences à travailler le dessin. Dès 2015, il est présenté en galerie, à Bruxelles. Ce point de départ marque une intense activité de production et d’engagements en centres d’art, résidences, foires et salons. Qu’est-ce qui se joue de ton désir et peut-être de la nécessité dans cet appétit ?

Gabriel Folli – Les premières expositions à Bruxelles, avec la galerie Artitude, m’ont conforté dans cette volonté d’être artiste et de développer un travail autour du dessin, qui est rapidement devenu le choix le plus naturel, principalement au fusain à l’époque. Les discussions que j’ai pu avoir avec le galeriste, Chris de Becker, et d’autres personnes rencontrées à Bruxelles alors que j’étais en début de carrière m’ont apporté cette détermination nécessaire pour avancer et progresser dans ma pratique, ainsi que dans mon parcours avec les expositions solo et collectives, dont certaines axées sur le dessin contemporain, et les foires comme Art on Paper au Palais des Beaux-Arts en 2018. Ce que je recherche dans mon travail, c’est de déplacer le medium sur d’autres matériaux que le papier, de lier le dessin au volume, à l’installation, à la sculpture ; de mettre en avant le processus de création, d’archiver chaque geste, grâce notamment aux annotations et au collage de Polaroids que j’intègre au support. Cette liberté grandissante m’apporte beaucoup de plaisir, c’est une nécessité pour ne pas tourner en rond.

Drawing Now Art Fair
Carreau du Temple – Paris
25/03/2023
Coolhuntparis

ML – De ton travail, tu dis (je te cite) : « chaque projet élaboré sous forme de dessins, d’essais visuels ou textuels, et d’installations, restitue une production d’objets à partir de documents,

d’archives, de données que je collecte. » Comment procèdes-tu depuis l’idée d’une œuvre, jusque sa réalisation achevée ?

GF – Le point de départ est toujours l’image, que je trouve sur Internet, dans des livres, ou que je fais avec mon téléphone portable ou un appareil photo. Il faut que l’image m’intéresse pour ses qualités esthétiques, qu’elle me parle. Ensuite j’allume mon vidéo-projecteur, je projette les images choisies sur le papier accroché au mur, puis j’assemble des éléments, je fabrique des compositions, en recherchant un équilibre, une harmonie, un cadrage. J’utilise principalement le fusain, mais aussi l’encre de chine, le crayon de couleur, parfois l’acrylique et le graphite, je colle des rebuts d’atelier, des Polaroids, je note des choses. Certains travaux sont sur papier encadrés, d’autres sur des morceaux de papier peint ou plan trouvés, parfois se retrouvent redressés dans la nature et se rapprochent d’une démarche scénographique, ou sont retravaillés quelques années après puis collés sur bois ou intégrés à des livres-objets.

ML – Ce qui est présent et marquant dans ton travail, c’est le sociétal. La société y est présente par l’histoire, qu’elle soit locale ou mondiale, des époques, des lieux, des visages et des corps. A ce propos, tu parles de « dresser un état des lieux du monde actuel ».

GF – Oui, mon travail est le résultat d’une observation de ce que devient la société, de son évolution rapide, et je crois que les artistes doivent grandir avec elle, la comprendre pour que la démarche soit pertinente et en lien avec son époque. Beaucoup de sujets reviennent, une certaine esthétique est présente, assez brute, comme peut l’être le geste. Je pense d’ailleurs que les thèmes disons collectifs se confrontent à une vision plus personnelle, à un vécu. Les vues d’atelier captées par le Polaroid ou

les réflexions que j’ai et je j’inscris souvent au marqueur sur les travaux permettent de sauvegarder des instants, par conséquent une histoire, celle de l’artiste qui s’inscrit pleinement dans le monde qu’il habite et qu’il assimile.

ML – Pour terminer notre échange, à quelle étape de travail et de présence te trouves-tu aujourd’hui ? Tu pourrais nous parler aussi des projets de cette année 2023 en cours.

GF – Comme je le soulignais ci-dessus, je suis dans une phase d’expérimentation assez riche depuis quelques années, précisément depuis le confinement en 2020, durant lequel mon travail autour du dessin a pris de nouvelles directions. De nouvelles techniques, des formes inédites, de nouveaux matériaux, dont beaucoup récupérés ici ou là, par le hasard de la trouvaille. Une œuvre en perpétuel mouvement, où le déplacement obtient une place primordiale.

L’année 2023 a commencé par une exposition collective, celle organisée par l’ADIAF, De leur temps (7), au FRAC Grand Large à Dunkerque. Ensuite j’ai participé au salon Drawing Now Art Fair à Paris, sur lequel j’étais l’artiste en focus, avec la Galerie La Ferronnerie. J’ai été en résidence à la fin de l’été aux Ateliers DLKC en Ariège, et actuellement je suis en résidence au Château de Servières à Marseille pour préparer une exposition personnelle intitulée Le plaisir au travail du 21 octobre au 09 décembre. Ma première exposition personnelle à Paris, L’atelier du dessinateur aura lieu à la Galerie La Ferronnerie dès le 08 octobre, et la revue Avalanche 4 sur laquelle j’ai travaillé avec d’autres artistes et le FRAC Picardie devrait voir le jour courant octobre 2023.